Verviers : carte de Hodimont
Projet « Hodimont en V.O. » par Des Images et Le CAP
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PROLOGUE
Par le biais de ce petit carnet, nous vous proposons de vivre jour après jour l’ambiance lussassienne. Ce sera l’occasion de partager avec vous ce qui s’est joué au cœur des salles de cinéma mais aussi de se laisser aller à quelques impressions entourant les films à proprement parler.
Vous retrouverez plus particulièrement quatre textes, ou plutôt quatre coups de cœurs de réalisateurs (cliquer sur les mots écrits en gras au sein du texte). Ce sera l’occasion de découvrir un cinéaste hors du commun comme Thomas Ciulei qui tente de nous faire découvrir sa Roumanie natale par le biais de sa subjectivité et de sa méthode de travail particulière. Il y sera aussi question du traitement de l’intimité au cinéma au travers du dernier film de David Teboul, La vie ailleurs. Vous découvrirez aussi le sillon tracé vaille que vaille par Sylvain George dont l’objectif est de garder une trace des luttes dont on ne parle généralement pas. Enfin, nous avons conclu notre semaine, riche en émotions et découvertes cinématographiques, avec le collectif de réalisateurs « Sans Canal Fixe » dont nous vous proposons d’écouter quelques extraits sonores.
Bonne lecture et bon voyage !
Lionel Ravira
LUNDI
Sacrée journée ce lundi. A peine ai-je eu le temps de me lever que des amis me tombe dessus : On vient d’aller voir un film d’un cinéaste roumain. C’était hallucinant. Toute une journée lui est consacrée. Il faut qu’on aille voir ses autres films. C’est ça aussi la magie de Lussas. Il faut garder les oreilles grandes ouvertes car par moment une effervescence se crée autour d’un film et se propage très vite. De plus, les organisateurs ont eu la judicieuse idée de programmer des rediffusions de certains films de la veille. Et quand bien même, on raterait cette séance, il existe une vidéothèque ouverte à tout le monde qui permet de voir ou revoir des films.
J’attends donc impatiemment 14h45 pour découvrir Thomas Ciulei et la rétrospective qui lui est consacrée. Trois films, trois expériences. A chaque projection, sa surprise.
J’y ai finalement passé toute mon après-midi et ma soirée. Après cette euphorie, rien de tel que de partager une petite Bourganel – la bière locale – avec d’autres et d’échanger nos impressions sur la journée. La semaine ne fait que commencer et je me dis que ce sera difficile de maintenir ce niveau de découverte.
MARDI
Réveil très rapide. Café, croissants et hop. Je plonge dans une salle obscure pour découvrir la périphérie parisienne au travers du prisme de La vie ailleurs, le dernier opus en date de David Teboul . Cette œuvre aux apparences parfois fragiles, nous propose, toujours avec pudeur, de pénétrer dans l’intimité d’une dizaine d’habitants de la banlieue.
Après cette matinée cinéphilique, j’auto-proclame mon après-midi « découverte du terroir ». A Lussas, au détour d’une rue, on finit toujours par tomber sur un cultivateur local. Les papilles s’activent et découvrent reines-claudes, melon, jus de pomme, etc. Tout est là pour se faire plaisir avant de réattaquer la soirée.
J’ai bien fait de passer un après-midi léger, cela aide à attaquer la suite. Le titre du film de Carmit Harash pose d’emblée le décors : Film de guerre (2007). Non, ne vous attendez pas à ce que je parle de belles grosses explosions, de sang qui coule ou d’une musique symphonique tonitruante. C’est simplement un petit film humble tourné en super 8. Carmit Harash ne vient pas du cinéma et ne compte pas continuer. Sa démarche est avant tout mue par une nécessité, un besoin de poser un regard sur son pays, sa ville et la petite fille qu’elle fut. Nous sommes pendant la guerre entre Israël et le Liban en été 2006. La cinéaste d’un instant retourne à Nahariya, en Israël, sa ville natale située à quelques kilomètres de la frontière libanaise où ses parents résident. Un retour vers le passé d’un pays mais aussi de la petite fille qu’elle fut. Celle qu’on entend dire sur un enregistrement sonore qu’elle ne pourrait jamais être amie avec les arabes. Aujourd’hui, son regard a changé. Les rues sont désertes, invitent au questionnement et à la méditation... J’en ferai autant après la séance.
JEUDI
Je passe une partie de la journée au séminaire « Formes de lutte et lutte des formes » dont je vous invite à aller lire les articles qui sont sur notre site. La soirée est marquée par la découverte des films de Sylvain George et du collectif de réalisateurs Sans Canal Fixe. Leur démarche est assez proche : faire des films avec peu de moyens, beaucoup d’envie et une volonté d’ancrage dans le monde. Le cinéma n’est pas qu’une usine à rêve. C’est une manière de créer un rapport au monde, d’ouvrir notre champ de vision et de développer notre imaginaire.
N’hésitez pas à venir écouter le montage sonore de notre rencontre avec Sans Canal Fixe. Notre association ne peut que se sentir proche de leur démarche. Leurs ateliers de réalisation nous renvoie à ce que nous faisons dans l’atelier mobile des Vues liègeoises. Ou encore leur volonté d’accompagner des films qui sortent des circuits classiques de diffusion et de proposer une nouvelle place au spectateur.
SAMEDI
C’est la fin du festival. La fatigue est plus que présente et se mêle à un brin de nostalgie. Je me suis habitué à Lussas, son ambiance et ses habitants. J’ai mes petits repères et mes habitudes.
Je clôture cette semaine par Bamako que j’avais déjà vu en DVD. Cette fois-ci, je le découvre en pellicule. Nouveau format, nouvelle claque. Ceci vient confirmer ce que j’ai toujours pensé. Voir un film en DVD, c’est avoir une vision parcellaire d’un film. Bien sûr, ce nouveau support est également une chance de voir des films qui ne sortent jamais en salle ou de revoir des films dont on a fait le choix qu’ils nous suivrons au moins une partie de notre vie Mais selon moi, il n’y a rien à faire, une projection pellicule sur un grand écran donne au film sa dimension réelle.
Les états généraux du film documentaire sont finis. Tout le monde se dirige vers la place du Green Bar où se produisent Les Sorciers – un groupe de musiciens, danseurs, acrobates et jongleurs venus de Guinée-Conakry et de France. Je bois un dernier verre avec mes amis et dis au revoir à ceux que j’ai rencontré pendant le festival. Les cloches de l’église qui ont ponctuées mes journées lussassiennes retentissent une dernière fois dans mes oreilles.